Libreville, le 29 octobre 2014 – Devant la presse réunie au sortir d’un Conseil présidentiel sur la santé, le Chef de l’État a appelé à une réforme du système de la santé publique. Pour que la culture du résultat prime sur celle des moyens, pour renforcer les capacités et les infrastructures, le groupe spécialisé américain MSH apportera son expertise à une véritable « réforme nationale de la santé ».

Au Gabon, quelque 1000 milliards de FCFA ont été injectés dans le système de santé ces six dernières années quand les dépenses en matière d’investissement atteignaient, elles, près de 455 milliards de FCFA. Un pactole qui fait de ce pays « celui qui dépense le plus par habitant en Afrique », rappelle Ali Bongo Ondimba, et qui n’empêche pas ces doses vaccinales qui expirent avant injection, ces équipements perdus, ces postes sanitaires qui tombent en ruines. « Les populations se plaignent incessamment », insiste le Président de la République. Des problèmes de moyens ? « Moi je parle de résultats ! »

Pour mieux soigner les Gabonaises et les Gabonais, la performance va être placée au cœur du système. L’heure doit être aux bonnes pratiques gestionnaires et de fonctionnement dans le cadre d’une carte sanitaire dynamique. Le groupe MSH (Massachusetts, USA), spécialiste mondialement reconnu, est ainsi chargé d’offrir une assistance technique pour la « Réforme nationale de la santé » assortie d’une « cellule d’appui et de pilotage ». « Je veux pour mes compatriotes le meilleur de ce qui se fait, souligne le président Bongo Ondimba, quitte à recourir aux meilleurs spécialistes des quatre coins du monde ».

Alors qu’un programme de renforcement des capacités humaines et infrastructurelles a été validé, le futur s’articule autour d’un modèle de financement basé sur la performance et des recrutements liés aux besoins. Ce mode de gestion axé sur la culture du résultat fait écho au fameux « changement de mentalité » annoncé lors des Assises sociales du Gabon. Il doit y avoir adéquation, dit le Chef de l’État, entre l’effort budgétaire consenti et la satisfaction des populations.

 

FIN

 

Discours à la Presse de S.E.M. ALI BONGO ONDIMBA Président de la République, Chef de l’Etat

Monsieur le Premier Ministre,

Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,

Mesdames et Messieurs,

Mes chers compatriotes,

J’ai convoqué un Conseil Présidentiel sur la santé ce jour dans le but de faire le point sur les avancées de la réforme de notre système sanitaire.

Comme vous le savez, lors des dernières assises sociales du mois de mai 2014, j’avais longuement insisté sur la problématique de l’amélioration des soins au bénéfice du plus grand nombre. En effet, ce que nos compatriotes attendent de nous c’est un changement radical dans la qualité des prestations qui leurs sont offertes.

Chacun a pu noter les efforts importants que le Gouvernement consent à la construction de centres hospitaliers modernes de haute qualité, qui sont aujourd’hui considérés comme des fleurons de la médecine dans notre sous-région. Il s’agit notamment du CHU d’Angondjé; du CHU de Libreville phase 1 et 2, du CHU de Lambaréné et du CHU d’Owendo.

Ces efforts sont la manifestation évidente de notre détermination à livrer à nos compatriotes une offre de santé adéquate.

Mais que dire des hôpitaux de Mouila et d’Oyem, construits il y a près de 20 ans, mais qui sont restés dix années durant, sans exploitation ni maintenance, et dont la conclusion des études nous a montré qu’il faudrait aujourd’hui les reconstruire.

La destruction de Jeanne EBORI hôpital, construit par le Président Omar BONGO ONDIMBA, symbole pour plusieurs générations de Gabonais, a été un évènement des plus marquants à mes yeux.

Aussi, ai-je été moi-même très touché par la découverte des effets de contamination liée à l’amiante et de sa dégradation due au manque de maintenance.

Allons-nous laisser l’histoire se répéter ?

En décidant de reconstruire cet hôpital, j’ai voulu rendre hommage non seulement au Président défunt, mais aussi et surtout à la femme gabonaise car cet hôpital sera dédié à la santé de la mère et de l’enfant.

La Première Dame, comme vous le savez, a effectué une tournée dans le Gabon profond. Les conclusions de son rapport, en complément de tous les autres rapports existants, révèlent de graves dysfonctionnements.

L’exemple du Centre de santé d’Ovan, qui pratique 69 accouchements chaque année avec deux couveuses qui n’ont jamais marché, faute de personnel formé pour les faire fonctionner.

On constate des problèmes de locaux vétustes et peu fonctionnels, aussi, à Bitam dans le Woleu-Ntem.

Lastourville, Franceville, Okondja, Ngouoni, Leconi, Bongoville, etc. Les constats se suivent et se ressemblent, la Première Dame est restée marquée par les difficiles conditions des populations. Le message de la population est clair. Il faut améliorer les conditions de vie en général et l’accès aux soins en particulier.

Le système de santé souffre d’une insuffisance en personnel qualifié.

Il est en effet inconcevable que l’État consente des ressources dans la construction de structures sanitaires dans des zones quasiment inhabitées, alors que dans le même temps, des zones à forte densité de population ne disposent parfois d’aucun centre de santé.

Comment se fait-il qu’il y ait plus de 500 dispensaires à l’abandon à travers le territoire, mais pour lesquels, l’État chaque année engage des dépenses de fonctionnement.

Nous constatons par ailleurs que l’offre de médicaments ne croise pas toujours sa demande. Les dépenses de l’État dans ce secteur, qui oscillent autour de dizaines de milliards de FCFA, sont parmi les plus importantes d’Afrique.

Les dernières enquêtes réalisées dans le domaine de la santé publique au Gabon montrent que la demande de prestations de services continue de croître, tout en mettant en évidence les plaintes incessantes des populations, preuve de l’incapacité des services de santé à s’améliorer.

Dans le cadre de la médecine préventive, L’État se dote chaque année de stocks de vaccins qui finissent par expirer sans même être utilisés, alors que la couverture vaccinale dépasse difficilement les 32% requis par l’OMS.

Le matériel sanitaire acquis à grand frais reste dans des emballages quand il ne se retrouve pas dans des cliniques privées. Les médicaments disparaissent et se retrouvent dans des marchés de la sous-région alors que la mortalité maternelle et infantile tout comme d’autres indicateurs pertinents restent largement en deçà des objectifs fixés par l’OMS.

Ceci est inacceptable.

J’entends bien que l’on mette en évidence les problèmes de moyens, mais moi je parle de résultats. La motivation pour les moyens est toujours plus grande alors que la problématique de la motivation aux résultats semble décliner.

 

Mes Chers compatriotes,

Notre pays a dépensé plus de 1000 milliards de FCFA ces 6 dernières années, rien que pour le fonctionnement de notre système de santé, masse salariale comprise.

Les dépenses publiques en matière d’investissement quant à elles s’élèvent à environ 455 milliards de FCFA, si l’on prend en compte le stock monétaire relatif aux financements extérieurs.

Par comparaison, certains pays africains n’atteignant pas 20% de ce budget, connaissent des améliorations significatives de leurs systèmes de santé.

Il est avéré que nous sommes le pays qui dépense le plus par habitant en matière de santé en Afrique, et cependant nos populations ne sont pas suffisamment prises en compte.

Il est vrai que nous pouvons compter à notre actif des avancées significatives, telles que la couverture médicale universelle qui touche plus de la moitié de la population et une prise en charge prénatale élevée, pour autant, d’énormes efforts restent à entreprendre si nous voulons créer un système de santé véritablement performant.

Un système qui conduit à une amélioration rapide de l’état de santé des populations gabonaises, avec une attention toute particulière accordée aux populations vulnérables. J’ai moi même sillonné le Gabon dans le cadre des manœuvres de santé militaires et je sais qu’il a toujours existé dans notre pays un problème de planification.

 

Monsieur le Premier Ministre,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs,

J’ai voulu inviter nos partenaires techniques qui ont élaboré un diagnostic de notre système de santé, afin d’avoir un regard extérieur sur la problématique de la santé au Gabon.

Une réponse urgente doit être apportée à la question du financement des médicaments et à la gestion de l’Office Pharmaceutique National. Les services d’accueil dans nos hôpitaux doivent être améliorés sans délais. Nous ne pouvons plus continuer de financer sur fonds propres nos vaccins et tout simplement les « gaspiller » ; aussi des actions rapides doivent être prises pour atteindre une plus grande couverture vaccinale nationale.

Une remise à niveau des plateaux techniques s’impose avec la plus grande urgence.

 

Mesdames et Messieurs les Membres du Corps médical,

Je vous ai entendu, et c’est pour cela que nous avons commencé par amorcer une amélioration de votre cadre de travail, ce vaste programme se matérialise et se poursuivra.

Le renforcement des capacités et la formation des cadres administratifs et des personnels de santé à l’échelle national, doivent être amorcés rapidement et apporter des résultats probants à très court terme.

Le mode de gestion de nos hôpitaux doit s’orienter vers une structure organisationnelle davantage axée sur la culture des résultats et non des moyens, avec des gestionnaires qualifiés et spécialisés dans la gestion des structures hospitalières.

Cette nouvelle approche devrait inéluctablement nous conduire vers une nette revalorisation de vos situations respectives, avec cette meilleur gestion il sera possible désormais de vous rétribué pour vos compétences et la qualité du service fourni aux usagers.

Une carte sanitaire dynamique des structures communautaires doit être mise en place pour une dépense efficace des ressources budgétaires allouées.

Je reste plus que jamais déterminé à voir le Gouvernement offrir à nos compatriotes le système de santé qu’ils méritent. Je vous exhorte à vous y employer résolument.

Ma détermination, est évidente, je veux le meilleur pour mes compatriotes et vous allez le mettre en œuvre.

 

Mesdames et Messieurs,

Le Gouvernement vient de signer une Convention pour l’Assistance Technique pour la Réforme Nationale de la Santé; et pour la mise en place de la Cellule d’Appui et de Pilotage de ladite réforme.

S’agissant de la gouvernance du système de santé, de la gestion des structures tout comme de la chaine de distribution des médicaments, des appels à candidatures doivent être ouverts à l’expertise nationale et internationale sur la base des fiches de postes élaborées.

Nous venons en outre de valider un programme de renforcement des capacités humaines et infrastructurelles à l’échelle nationale. Ce programme devra être soigneusement articulé sur un modèle de financement basé sur la performance, avec un modèle de recrutement et de formation des cadres et des agents plus orientés vers les besoins véritables des populations.

Je demande au Gouvernement de mettre en place un Comité Budgétaire restreint sur la santé, dont la mission principale sera de réallouer de façon optimale les dépenses de fonctionnement et d’investissement en matière de santé en République Gabonaise.

Je veux pour mes compatriotes le meilleur, de ce qui se fait en matière de santé quitte à recourir aux meilleurs spécialistes des quatre coins du monde, où nous n’avons pas la compétence.

Pour ce qui est de notre expertise nationale, je fais appel à des compatriotes valeureux et déterminés, qui mettent en avant la santé des Gabonais, et non leur intérêt personnel.

J’exhorte le gouvernement à la mise en place d’une structure pour l’inspection et le contrôle, ainsi qu’une Agence pour la Maintenance des Infrastructures Publiques.

 

Mes chers compatriotes,

L’objectif visé par ces mesures est l’amélioration de la gouvernance de notre système de santé. Pour ce faire, je convie le Gouvernement à explorer toutes les opportunités pour une adéquation parfaite entre l’effort budgétaire consenti par l’Etat et la satisfaction des besoins des populations en matière de santé. Aucune piste ne doit être écartée.

La culture du résultat doit dans ce domaine plus que dans d’autres remplacer la culture des moyens.

Chaque franc dépensé par le contribuable doit répondre à un besoin préalablement identifié.

Un accent particulier doit être mis sur la maintenance et le renouvellement des infrastructures et équipements.

Les gabonais ne veulent plus voir des structures de santé à peine livrées se délabrer sous leurs yeux, faute d’entretien.

Au moment où nous nous engageons résolument dans la mise en œuvre de la Stratégie d’Investissement Humain du Gabon, nous devons tous garder à l’esprit que la santé est l’un des piliers essentiels de notre Pacte Social.

Une population en mauvaise santé ne peut pas contribuer efficacement au développement de son pays.

Je compte donc sur l’implication sans faille de tous les acteurs du système de santé publique pour faire aboutir cette réforme à laquelle j’attache du prix.

Je vous remercie.

 

Présidence de la République: Communiqué de Presse
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